Le portrait sur la situation des personnes aînées à Laval¹ révèle qu’en 2019-2020, 8,0 % de la population lavalloise de 65 ans ou plus a reçu un diagnostic de la maladie d’Alzheimer, soit 6 400 aînés lavallois. La proportion lavalloise est supérieure à celle du Québec (7,2 %). Les répercussions de cette maladie sont multiples et lourdes, tant pour les personnes concernées que pour leurs proches aidants. La réponse à cet enjeu sociétal passe par une amélioration des soins et services socio-sanitaires à tous les stades de la maladie (incluant la fin de vie). D’ailleurs, le Québec s’est doté de politiques publiques pour relever ces défis (Plan Alzheimer et projet de loi 11, adopté en juin 2023). Cela étant, la mise en œuvre de ces politiques publiques nécessite un travail considérable de traduction et d’opérationnalisation en fonction des réalités locales. Au-delà d’une prise en charge par le secteur socio-sanitaire, il importe aussi de mettre à contribution les communautés pour favoriser l’autonomie et la participation sociale des personnes vivant avec l’Alzheimer.
Conférences du pôle de recherche sur la transformation des pratiques cliniques et organisationnelles
Jeudi 2 mai 2024, de 11 h 30 à 13 h 30
Faire face à la maladie du siècle, l’Alzheimer : des interventions prometteuses basées sur des données probantes
Dans le cadre de la semaine de la mission universitaire, le Pôle 1 du Centre de recherche vous invite à des activités de transfert des connaissances portant sur ces sujets d’actualité, qui interpellent grandement le CISSS de Laval.
¹ Direction de santé publique, CISSS de Laval, Le portrait sur la situation des personnes aînées. 2022
Transilab: un laboratoire vivant pour soutenir des transitions de soins adaptés aux besoins de personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer et leurs proches
Yves Couturier, Professeur titulaire, Département de travail social, Université de Sherbrooke
La maladie d’Alzheimer et les autres troubles neurocognitifs majeurs présentent d’importants défis au système de santé et de services sociaux. Dans la foulée de la mise en œuvre du Plan Alzheimer du Québec, le laboratoire vivant Transilab a été créé dans le CISSS de Laval et avec ses partenaires afin de soutenir le développement de plusieurs innovations visant à renforcer les transitions de soins pour les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer et leurs proches. La présentation introduira le mode de fonctionnement d’un tel laboratoire vivant et présentera les diverses activités en cours et en développement. Ces activités portent, entre autres, sur le dévoilement du diagnostic, le référencement des usagers et des proches vers des ressources de la communauté, sur la formation des professionnels et l’accompagnement des proches. Ces innovations forment un tout et concourent à des trajectoires de soins davantage continues et naissantes dans le cabinet médical dès les premières consultations de l’usager.
Initiatives de communautés bienveillantes mises en place en Estrie et à Wendake en soutien aux personnes vivant avec des troubles neurocognitifs et leurs proches
Julie Lacerte, Professionnelle de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke
Véronique Provencher, Professeure agrégée, École de réadaptation, Université de Sherbrooke; Chercheure régulière, Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke
Prenant appui sur une approche de « Communauté bienveillante », ce projet réalisé en Estrie et à Wendake visait à former et outiller divers acteurs de la collectivité à mieux soutenir les personnes vivant avec des troubles neurocognitifs (TNC) et leurs proches, notamment dans la réalisation d’activités sociales importantes à leurs yeux. Des formations visant à promouvoir des interactions favorisant leur autonomie, dignité et inclusion ont été dispensées dans diverses organisations des secteurs des services (ex. : bibliothèques) et de la sécurité (ex. : police), ainsi que dans des résidences pour aînés. Des activités grand public et des vidéos de sensibilisation ont également été réalisées. En outre, un programme intitulé « On rentre à la maison » a été mis en œuvre pour prévenir et gérer les disparitions chez les personnes présentant un TNC. Ces initiatives ont permis de sensibiliser une variété d’acteurs aux besoins des personnes touchées par cette condition et aux enjeux y étant liés et à améliorer l’aisance dans les interactions avec elles. Les formations destinées au secteur de la sécurité et le programme « On rentre à la maison » font présentement l’objet d’une mise à l’échelle provinciale en partenariat avec la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer.
L’aide médicale à mourir aux personnes inaptes atteintes de troubles neurocognitifs : Qu’en pensent les personnes atteintes, les proches aidants, les professionnels de la santé et les éthiciens?
Marie-Ève Bouthillier, Professeure agrégée de clinique, Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Faculté de médecine, Université de Montréal
D’ici le 7 juin 2025, la pratique de l’aide médicale à mourir (AMM) au Québec s’élargira avec l’arrivée des demandes anticipées d’aide médicale à mourir (DAAMM). Cette disposition permettra aux personnes atteintes d’un trouble neurocognitif (TNC) de rédiger une DAAMM en amont de leur inaptitude afin de recevoir ce soin ultérieurement. Malgré la complexité des enjeux entourant cette pratique, les sondages d’opinions ainsi que les débats publics témoignent de l’acceptabilité sociale de l’élargissement de l’AMM aux personnes inaptes. Toutefois, comment les différents acteurs clés réfléchissent et approfondissent la question de l’encadrement de cette pratique sur le terrain?
Cette étude exploratoire vise à répondre à cette question en trois temps :
- Explorer l’acceptabilité des DAAMM;
- Explorer la perspective des acteurs quant aux dispositions législatives des DAAMM;
- Identifier des pratiques prometteuses et les enjeux éthiques potentiels.
Des groupes de discussion ont été menés auprès de proches aidants, de professionnels et d’éthiciens du réseau de la santé et des services sociaux. Des entretiens semi-dirigés ont également été menés auprès de personnes atteintes de TNC. Les résultats préliminaires révèlent une divergence de perspective entre les professionnels et les personnes atteintes de TNC en ce qui a trait à l’administration d’un sédatif en cas d’agitation lors de l’AMM.
Conférenciers
Yves Couturier, Professeur titulaire, Département de travail social, Université de Sherbrooke M. Couturier (Ph. D.) travaille sur l’organisation du système de santé et de services sociaux, avec un intérêt marqué pour la collaboration interprofessionnelle et les pratiques et dispositifs de coordination des services. Il a publié plusieurs livres sur ces thèmes. Il participe à l’évaluation du Plan Alzheimer du Québec depuis une dizaine d’années. | |
Julie Lacerte, Professionnelle de recherche, Centre de recherche sur le vieillissement de Sherbrooke Après avoir travaillé comme ergothérapeute clinicienne auprès de personnes vivant avec un trouble neurocognitif et complété une maîtrise portant sur la participation sociale d’aînés présentant des incapacités fonctionnelles, Mme Lacerte (Erg.) oeuvre maintenant comme professionnelle de recherche dans l’équipe de Mme Provencher. Elle s’implique dans des projets de recherche visant à favoriser l’engagement des personnes aînées dans des activités porteuses de sens pour elles. | |
Marie-Ève Bouthillier, Professeure agrégée de clinique, Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Faculté de médecine, Université de Montréal Mme Bouthillier (Ph.D.) est responsable du Centre d’éthique du CISSS de Laval, qu’elle a fondé, et où elle pratique en éthique clinique et organisationnelle. Ses intérêts de recherche portent sur les soins palliatifs et de fin de vie (SPFV), incluant l’aide médicale à mourir. Elle siège sur de nombreux comités à titre d’experte en éthique, notamment le Comité d’experts en SPFV, le comité directeur des SPFV du MSSS et l’Institut de la pertinence des actes médicaux. |